Les murmures de la Forêt
Vivre un temps en forêt, l’espace d’une nuit de quête de vision, ou pour un temps plus long de retraite, est à mon sens avant tout une expérimentation de la médecine de la Terre dans sa dimension spirituelle qui invite naturellement au retour à soi.
Rentrer dans une forêt c’est pénétrer les mémoires du vivant : des générations d’arbres, de plantes, de pierres millénaires. Combien de vies a-t-elle abrité ?
En avançant sur ses sentiers, bordés d’arbres témoins, le silence peu à peu s’installe. Les bavardages intérieurs s’espacent, puis cessent.
Le silence de la forêt est celui de la vie qui grouille partout autour de nous. Il ne dérange point, il apaise. Comme un murmure chantant où se mêlent le bruissement des feuilles, le chant des oiseaux et tous ces petits bruits mystérieux que l’on ne saurait vraiment reconnaître.
Le corps, enfin, se pose. Se pose vraiment. Ce n’est pas du confort c’est un soutien profond. Le corps réapprend à être accueilli dans les bras de la terre. Il n’a rien à porter, juste à écouter.
Le battement du coeur, à son tour, s’apaise. Même dans cet univers à la fois inhabituel et familier, la vigilance n’est plus de mise.
Là, couchée tout contre la terre, le coeur bat avec celui de la Grand Mère Terre.
La forêt offre un écrin bordé d’arbres dansants et chantants, une multitudes de verts, formes, textures. Une vie qui porte des milliers de vies, visibles ou pas. Toutes uniques.
Alors couché là, coeur contre coeur, lorsque la nuit vient envelopper cet univers, que les chouettes ou les hiboux rappellent leur présence, portez votre regard vers les grands arbres au dessus de votre tête. Si la magie vous sourit, elle viendra éblouir votre âme par des petits scintillements lumineux entre les branches. Comme si les étoiles venaient festoyer avec les vers luisants ou autres petits êtres.
Si vous restez aux aguets, alors seriez-vous peut être honoré par la passage d’un chevreuil, d’un renard, d’un lièvre, d’un blaireau ou autre hôte discret…
A cet instant, vous pouvez être aussi bien l'enfant de 7 ans que le sage de 100 ans.
La nuit vous aura appris à ne plus chercher à « faire » ou paraître. Juste « être ».